Retour sur le millésime 2022 à Moulis-en-Médoc avec Château Duplessis

Si les périodes successives de sécheresse en 2022 ont pu susciter quelques inquiétudes, c’était sans compter sur l’extraordinaire capacité des sols argilo-calcaires du Château Duplessis et de ses vieilles vignes qui ont démontré leur résilience face au réchauffement climatique. Pour Philippe Ferrier, propriétaire de cette pépite historique de 23ha en appellation Moulis-en-Médoc, 2022 est sans aucun doute son plus grand millésime jamais produit depuis le rachat de la propriété en 2015. Quantité et qualité sont réunies. Retour sur un millésime hors norme.

La résilience et l’adaptation de la vigne face aux changements climatiques

2022 est sans conteste un millésime historique, il a tout d’un grand ; concentration, fraîcheur et équilibre. Pour autant, l’année ne fut pas un long fleuve tranquille et s’inscrit dans une lutte face aux éléments climatiques cumulant des records de sécheresse et de températures élevées (150mm de déficit entre septembre 2021 et février 2022 par rapport à la normale trentennale). Mais ce combat fut mené essentiellement par la vigne elle-même, nous rappelant ses origines méditerranéennes et sa grande capacité d’adaptation. D’autre part, les vagues de chaleur qui ont commencé précocement dès le mois de mai, ont eu pour effet une acclimatation progressive du vignoble face aux températures excessives. Enfin les bonnes pratiques culturales et environnementales, comme les couverts végétaux ont pu contribuer à limiter l’évaporation et garder la fraîcheur des sols. Mais dans ce combat c’est surtout la qualité des sols du domaine et la proportion des vieilles vignes qui expliquent la très grande réussite du millésime.

Des sols qui savent garder le capital hydrique

Au Château Duplessis, toutes les parcelles de la propriété sont plantées dans la partie centrale de l’appellation et reposent sur des sols argilo-calcaires et argilo-limoneux à tendance sableuse. Sur ce terroir, plutôt frais et humide, le Merlot est dominant avec 60%. Ces sols ont permis à la vigne de très bien résister aux chaleurs successives et de gérer le déficit hydrique. Il n’y a pas eu de blocage de la maturité, la vigne est restée belle, verte, et les raisins n’ont pas présenté de signes de flétrissements ou d’échaudage comme on pouvait le craindre. De plus les pluies de la 2ème quinzaine d’août ont été bénéfiques et ont permis d’augmenter légèrement le volume des baies.

Des vendanges de rêve avec qualité et quantité

À la veille de la récolte, Philippe Ferrier et son équipe sont heureux de constater la belle taille des baies, la grande concentration et la fraîcheur du fruit. Les raisins sont sains et sucrés avec une maturité optimale. Les vendanges précoces commencent la deuxième semaine de septembre dans des conditions idéales, sans stress. Les rendements sont excellents et affichent 40 hl/ha en moyenne.

Depuis son acquisition en 2015 par Philippe Ferrier, le Château Duplessis a bénéficié d’une rénovation d’envergure qui a concerné aussi bien le vignoble que les bâtiments. Dotée d’un outil de travail performant, la propriété qui compte aujourd’hui 23 hectares de vignes, profite de ce nouvel élan pour se hisser parmi les meilleurs crus de l’appellation Moulis-en-Médoc.

Aux dernières nouvelles

Côté vignoble. Cette année, le domaine s’agrandit passant de 23,5 à 25 ha avec la replantation 1/2 ha de Petit Verdot, 1/2 ha de Malbec, cépage bien adapté aux conditions sèches et, 1/2 ha de Merlot.

Après 7 années de travail rigoureux, le domaine a identifié 5 terroirs particuliers. En 2022, le premier terroir de cette série nommée « Mes Terroirs », est Calenotte. Chaque année en fonction de l’adéquation du terroir aux conditions climatiques, 1 des 5 terroirs identifiés sera mis en bouteilles et proposé en quantité limitée. Ce vin Calenotte issu du terroir argilo limono-calcaire de la série « Mes Terroirs » est élevé en amphore pour préserver l’identité de son terroir et la pureté de son expression. À suivre…

Afin de ne plus subir les dégâts causés par le gel qui menacent de devenir plus fréquents en raison du réchauffement climatique, Philippe Ferrier, entrepreneur dans l’âme, a mis au point avec Pierre Perrinet de la Société Polypoles des tours antigel qu’ils commercialisent avec un franc succès. L’an passé 100 tours ont été vendues à des propriétés bordelaises. Grâce aux 10 tours installées dans le vignoble, Château Duplessis a bénéficié d’une bonne protection en 2022 et n‘a pas eu de dégâts liés au gel.

Côté chai. Les amphores en terre cuite TAVA font leur apparition dans les chais de Château

Côté commerce. Château Duplessis continue sa progression aux Etats-Unis, au Canada et dans le CHR France.

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Novateur en Médoc: l’agroforesterie au service du vignoble au château Anthonic Moulis-en-Médoc

Novateur en Médoc : l’agroforesterie au service du vignoble au château Anthonic

En conversion bio depuis 2016, le château Anthonic à Moulis en Médoc met parallèlement en place des infrastructures agro-écologiques inspirées de l’agroforesterie.

Planter des arbres dans le vignoble, « la viticulture dans les règles de l’arbre »[i]

Depuis leur arrivée en 1993 à la tête du château Anthonic, Jean-Baptiste Cordonnier et son épouse Nathalie, en amoureux de la nature, construisent pas à pas une dynamique (détails ci-dessous) en faveur du respect de l’environnement et de la biodiversité dans leurs vignes. Après le passage du vignoble en conduite biologique en 2016, ils poursuivent leur démarche environnementale en choisissant l’agroforesterie qui leur apparaît comme une solution d’avenir, une piste sérieuse face aux problèmes de changement climatique et de maladies de la vigne.

« L’agroforesterie désigne les pratiques, nouvelles ou historiques, associant arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole »[ii]. Concrètement, il s’agit ici d’appliquer ces pratiques à la viticulture. Planter des arbres au milieu des vignes ne présente pas uniquement de l’intérêt pour l’agrément du paysage, la hausse de la qualité de l’air et la biodiversité. Ces plantations ont un impact sur l’environnement à plusieurs égards :

Pour le sol, l’arbre est fertile et nourricier. La décomposition de ses feuilles et de ses racines fines apporte de la fertilité au sol qui devient plus aéré et structuré, tandis que ces apports de carbone et d’azote stimulent la vie microbienne.

Face au climat, l’arbre agit en régulateur. Il atténue pour les vignes qui l’entourent les excès climatiques dus aux vents, à l’insolation, aux précipitations, aux gelées ou à la grêle. Il prévient également l’assèchement, le ruissellement ou l’érosion des sols tout en servant d’abri aux animaux et aux autres plantes.

L’arbre agit favorablement sur la biodiversité : la taille en trogne, nécessaire pour que les arbres n’envahissent pas trop la vigne, est une véritable auberge écologique pour les insectes, oiseaux et petits mammifères.

L’arbre contribue indirectement à la lutte contre certaines maladies de la vigne. En effet, en offrant aux chauves-souris des repères, il leur permet d’agrandir leur champ d’action. Or la chauve-souris se nourrit notamment des papillons (tordeuse de la grappe) ravageurs des vignes, ce qui en fait une « alliée anti-pesticide »[iii].

La mise en place des principes de l’agroforesterie au château Anthonic que montre en aperçu le schéma ci-dessous est le résultat d’une étude précise qui, tenant compte de l’historique de chaque parcelle, a préconisé tantôt la plantation de haies, tantôt la plantation d’arbres alignés ou en îlots, parfois encore la protection d’un espace pour favoriser la régénérescence de nouveaux chênes par exemple, ou la protection des fossés et enfin, à certains endroits, la création de mares pour favoriser la biodiversité en accueillant de nouvelles espèces végétales et animales.


[i] Expression qui paraphrase celle qu’utilise l’Association française d’agroforesterie dans son site (www.agroforesterie.fr) , où il est question de « l’agriculture dans les règles de l’arbre ».
[ii] Cf. www.agroforesterie.fr le site de l’Association française d’agroforesterie.
[iii] Voir sur ce sujet l’article de Xavier Sota dans le Sud-Ouest du 17 avril 2018.

La démarche environnementale du château Anthonic étape par étape

  • Depuis 2011 la plantation de haies entre les parcelles du vignoble favorise la biodiversité, en créant des couloirs dans lesquels la faune peut circuler, permettant ainsi un passage ininterrompu entre les espaces boisés. Pas moins de dix-huit espèces (aubépine, noisetier commun, néflier, saule vannier, prunier myrobolan, pommier sauvage, charme commun, érable champêtre, chêne pédonculé, cognassier d’Angers, poirier sauvage, orme champêtre, chêne vert, filaire à feuille large, fusain d’Europe, troène des bois, prunellier) sont plantées autour du vignoble et en bordure des fossés pour contribuer à l’amélioration du paysage, créer une zone tampon et permettre la stabilisation des bords des fossés. L’objectif est de laisser grandir ces essences plantées environ tous les 10 à 20 mètres dans les haies pour former de « grands arbres ».
  • En 2014, obtention de la certification environnementale. Il s’agit d’une certification encadrée par l’Etat de niveau 2/3 pour identifier les exploitations engagées dans des démarches particulièrement respectueuses de l’environnement. Elle concerne la thématique biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion de la fertilisation et gestion de la ressource en eau.
  • Depuis 2016 le vignoble est en culture biologique avec une certification prévue pour 2019. Pour Nathalie et Jean-Baptiste Cordonnier, ce choix de culture est une question de bon sens, l’objectif étant de privilégier la vie des sols, la pérennité des espèces animales et végétales en utilisant des matières premières d’origine naturelle et favoriser ainsi l’écosystème naturel. Des plantes telles que l’ortie, la prèle, la consoude sous forme de purin, tisane et décoction seront utilisées prochainement pour les traitements.
  • Depuis 2017 mise en place de la confusion sexuelle. Cette technique qui permet de limiter les accouplements des papillons et par conséquent les œufs et les dégâts occasionnés par les chenilles a fait les preuves de son efficacité et s’inscrit dans une démarche de respect de l’environnement.
  • Depuis 2017 semis de mélanges d’engrais vert pour améliorer la portance des sols face au passage des tracteurs et assurer le maintien de leur porosité et de leur structure. Les racines des plantes hébergent, nourrissent et fournissent quantité de micro-organismes et de minéraux. Les plantes ombragent le sol, le protègent des UV et de la pluie, limitent les excès de températures. En mourant elles restituent carbone et azote..
  • Premières plantations en agroforesterie à l’automne 2018 avec des espèces sélectionnées comme l’érable champêtre, le charme commun, l’orme champêtre, le frêne, le cormier, l’alisier torminal, le chêne vert, le chêne liège ou le poirier sauvage.

Mise en place de l'agroforesterie dans les parcelles autour du château Anthonic

Légende : en vert, les haies ; en jaune, les parcelles en cours d’aménagement agro-forestier ; en orange, les zones spécifiques réservées aux arbres.

L’exemple de la parcelle « Entrée Château ». 12 rangs de vigne seront plantés en 2018 avec, au milieu, un rang de fruitiers en espalier et quelques essences forestières (alisier, frêne, érable). Objectif principal : favoriser les mycorhizes et la pollinisation.

Château Anthonic  33480 MOULIS EN MEDOC
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