Des cochons Kune-Kune dans les vignes de Château Doyac

Château Doyac, vignoble de 28 ha en AOC Haut-Médoc certifié en biodynamie, a accueilli cette semaine quatre cochons Kune-Kune d’origine néo-zélandaise. Au regard des nombreux avantages qu’offrent ces petits cochons en matière de désherbage de la vigne, de décompactage du sol, de docilité aussi, leur utilisation au vignoble s’annonce comme une solution d’avenir écologique. La famille Pourtalès envisage déjà l’accueil d’un plus grand nombre.

 Des petits cochons herbivores très efficaces 

Les quatre bébés cochons âgés de deux mois nommés Prêle, Ortie, Ginger et Tirelire, sont arrivés la semaine dernière au Château Doyac. Ils sont pour le moment en période d’acclimatation et restent cantonnés aux alentours de l’écurie. Ces cochons Kune Kune originaires de Nouvelle-Zélande ont la particularité d’être dociles, sociables, fûtés et très efficaces. Le Kune-Kune n’est pas un cochon nain, à l’âge adulte sa taille restera moyenne avec un poids compris entre 50 et 100kg. Une fois la période d’adaptation terminée, ils iront dans les vignes se régaler des mauvaises herbes. A l’aide d’un parc mobile délimitant les parcelles et permettant une rotation dans le vignoble, ils brouteront le couvert végétal sur l’interrang et sous le rang. Ainsi, grâce à leur petite taille, ils peuvent faire aisément le tour des pieds rendant leur action tout aussi efficace sinon plus que les traditionnels outils.

Un désherbage en profondeur

Ce cochon se nourrit uniquement de végétaux, herbes diverses. Avec son groin le Kune-Kune désherbe en profondeur le sol des vignes en enlevant même les racines et décompactant ainsi le sol. Un avantage supplémentaire par rapport au mouton.

Dans les vignes même au printemps

Une autre particularité de ce cochon est qu’il n’a pas de muscle dans le cou, contrairement au mouton, par conséquent il ne va pas s’attaquer à la partie supérieure des vignes et pourra rester au printemps pour continuer à désherber le sol.

une aide contre la propagation du mildiou

En mangeant les feuilles mortes tombées au sol, porteuses des spores du mildiou, il pourrait même aider à limiter le développement de ce champignon tant redouté par les viticulteurs. Des études sont en cours et pourraient bien révéler l’efficacité du Kune-Kune comme moyen naturel de lutte du champignon.

Sociables et très intelligents

Prêle, Ortie, Ginger et Tirelire semblent se plaire au Château Doyac et ont été vite adoptés par les autres animaux déjà présents sur le domaine, chevaux, chiens et chats.  « Ils sont extrêmement sociables, fûtés et très faciles à éduquer » confie Clémence à l’origine de cette initiative qui, comme ses parents, Max et Astrid de Pourtalès, est enchantée par ses petits cochons qui apportent une solution d’avenir à une gestion écologique, voire économique de leur vignoble certifié en biodynamie.

Le travail quasiment parfait qu’offre ces cochons a séduit la famille Pourtalès, qui, si les résultats s’avèrent concluants, envisage d’agrandir son cheptel.

Tous ces avantages font du Kune-Kune un amour de petit cochon !

http://www.chateaudoyac.fr

Solidarité, unité et réactivité à Saint-Estèphe pour une protection du vignoble contre la grêle

Suite à l’épisode de grêle du 20 juin 2022 et afin de répondre activement aux défis climatiques, l’appellation Saint-Estèphe a voté un système de lutte anti-grêle pour protéger l’ensemble de son vignoble. 

Réagir pour ne plus subir

Sous la houlette de son Président Jean-François Delon et de son conseil d’administration, le Syndicat Viticole de Saint-Estèphe lors de sa dernière assemblée générale, a validé le système de lutte collective contre la grêle proposée par la société Selerys*.  L’appellation, marquée par l’épisode de grêle du 20 juin 2022, qui a touché une partie de son vignoble occasionnant des dégâts entre 30 et 80%, a fait preuve d’une réactivité et d’une solidarité exemplaires. Tandis que la qualité du 2022 se confirme comme exceptionnelle pour tous, la quantité quant à elle, se trouve réduite pour quelques-uns. Face à ces épisodes orageux dévastateurs qui en raison des incertitudes climatiques menacent de devenir plus fréquents, les viticulteurs ont décidé de réagir en se dotant d’un équipement de technologies de pointe.

Alertes et anticipation

Grâce à une plateforme contenant un outil d’évaluation des risques de grêle, les nuages dangereux seront identifiés. Alertés par sms, courriels ou messages vocaux, les viticulteurs pourront suivre le déplacement en temps réel des cellules orageuses répertoriées sur 3 niveaux d’alertes.

7 postes de tirs semi-automatiques répartis sur l’ensemble de l’AOC

Une commission technique dédiée sera mobilisée pour mettre en place une rotation d’astreinte afin de commander le réseau des 7 lanceurs disséminés sur la totalité de l’appellation (1180ha et 61 châteaux). Les viticulteurs d’astreinte pourront activer le lancement des ballons à distance.  Lancés à 600m d’altitude, ces ballons gonflés à l’hélium agiront au cœur de la cellule avec précision au moment adéquat en optimisant le taux de transfert et la dispersion de l’agent (sel hygroscopique) dans le nuage. Cette lutte active par ensemencement permettra ainsi de faire précipiter les nuages avant la formation des grêlons.

Ce système qui sera déployé à partir d’avril 2023, est financé par une cotisation à l’hectare.

*Selerys, société française dont la spécialité est le management des risques orageux, conçoit des outils opérationnels et efficaces pour répondre activement aux défis météorologiques (équipement météorologique, instruments de monitoring atmosphérique, solutions digitales et data science).

Ginette, la nouvelle muse du Château d’Arsac !

Chaque année depuis plus de trente ans, Château d’Arsac enrichit son « Jardin des Sculptures » d’une nouvelle oeuvre d’art. En 2023, Philippe Raoux, propriétaire de ce Cru Bourgeois Exceptionnel de Margaux, a jeté son dévolu sur Ginette, une réalisation du sculpteur Romain Barelier. Cet artiste spécialisé dans la fonderie pratique du moulage et de la fonderie d’art est également l’auteur du Voleur de Bicyclette acquit en 2020 et exposé au Château d’Arsac.
 

Ginette, comme une invitation à la dégustation

ginette_romainbarelier2023

Ginette a trouvé sa place parmi la trentaine d’œuvres disséminées dans le vaste domaine du Château d’Arsac. Située à l’entrée du pôle d’accueil, elle invite naturellement les visiteurs aux plaisirs de la dégustation.

Depuis l’acquisition du Voleur de Bicyclette en 2020, Philippe Raoux suit les créations de Romain Barelier et découvre en juin dernier lors du vernissage de la nouvelle exposition de l’artiste « femmes politiques et autres filles des rues », Ginette, dont il tombe immédiatement sous le charme. Avec ses 215cm pour une centaine de kilos, Ginette est selonson créateur « une sacrée femme, doublée d’une candide gentillesse. Un trésor… Dénudée elle n’a aucune conscience, ni confiance en sa beauté, ni son sex appeal… »

Romain Barelier, récupérer pour créer

levoleurdebicycletteromainbarelier

Romain Barelier est né à Rome à la Villa Médicis, le 23 février 1964 avec un fort atavisme artistique qu’il doit à ses parents, André Barelier et Brigitte Baumas, tous deux sculpteurs et Grand Prix de Rome de sculpture. Il partage son enfance entre Saint-Germain-des-Près et « la Ruche », célèbre cité d’artistes où vécurent Modigliani, Soutine et Chagall.

Romain Baretier travaille dans son atelier de fonderie situé à Ivry sur Seine dans une démarche mettant en avant les matériaux de récupération. Ainsi, Ginette est conçue à partir de cartons d’emballage de carrosserie de voiture, récupérés dans la rue à proximité de l’atelier où se tient le carrossier du quartier. « J’aime beaucoup le carton qui lorsqu’il est déchiré, brutalisé, laisse apparaître des changements graphiques. Une fois travaillé, je le stratifie et m’en sers de matrice pour tirer un bronze qui est poli et monté sur un socle en bronze lui aussi. ». C’est aussi l’histoire du Voleur de bicyclette, une oeuvre née de la récupération d’une bicyclette au fond du canal Saint Martin à laquelle Romain Barelier a redonné vie.

L’art et le vin au Château d’Arsac, un lien fusionnel

stilthouseannequizephotomika-boudotAu fil du temps, Château d’Arsac a rassemblé une impressionnante collection d’œuvres d’art connue sous le nom de « Jardin des Sculptures ».

Ces œuvres sont liées au domaine viticole avec lequel elles font corps. C’est en effet la vigne qui finance l’acquisition annuelle d’une oeuvre d’art et en échange, c’est bien l’art qui donne à la propriété sa personnalité originale comme exclusive faisant d’elle l’un des lieux les plus visités du Médoc. Des œuvres qui racontent l’histoire et la vie du domaine. Aujourd’hui cette collection compte une trentaine d’œuvres emblématiques et constitue la plus importante collection privée de sculptures contemporaines dans le Sud-Ouest.

 

Toutes ces œuvres ne sont pas des sculptures. Celle née du confinement en 2021, Si Arsac m’était chanté, est une visite œno-musicale composée de 11 “tableaux” musicaux. Le visiteur est transporté dans les lieux phares d’un domaine viticole : le cuvier et le chai à barriques. 

ACCÈS AU DOSSIER DE PRESSE

ACCÈS AUX VISUELS

INFORMATIONS SUR LES VISITES :

  • La propriété est ouverte à la visite toute l’année du lundi au vendredi de 9h à 17h, et sur réservation le week-end et jours fériés
  • Pour le spectacle « Si Arsac m’était chanté » sur réservation uniquement le mercredi à 16h, le vendredi et samedi à 14h30 et « Songs of Arsac », le vendredi à 16h et dimanche à 14h30.

Château Montrose, des « presses » d’avenir…

Très investi dans la recherche viti-vinicole, Château Montrose publie une étude scientifique menée sur 3 ans sur la valorisation des vins de presse en partenariat avec l’œnologue consultant, spécialiste du sujet, Éric Boissenot, l’ISVV* et l’EPLEFPA*. Cette 1ère étude porte sur la caractérisation des modèles de production des vins de presse et sera poursuivie, en 2023, par une doctorante de l’ISVV.  

« Les presses » véritables orgues d’équilibre des grands vins

Si les vinificateurs apportent le plus grand soin à l’obtention d’un vin de presse de qualité et à raisonner correctement leur introduction à l’assemblage, étrangement, et malgré l’intérêt évident du sujet, peu d’études portent sur la maîtrise de la production de ces « presses » des rouges alors que le pressurage des blancs est, quant à lui, largement documenté.

Pour Vincent Decup – Directeur Technique de Château Montrose – la question essentielle est comment obtenir des grands vins de presse et optimiser leur utilisation ?

Tout l’enjeu réside dans la maîtrise du pressurage des marcs de raisin, puis dans la sélection des meilleurs lots et enfin dans la décision de la proportion à intégrer à l’assemblage final pour le sublimer.

Ces travaux, conduits au cours des millésimes 2016, 2017 et 2018, ont concerné les raisins issus d’une quarantaine de parcelles plantées de deux cépages emblématiques du bordelais : Merlot et Cabernet-Sauvignon. Les comparaisons quantitatives et qualitatives des vins de presse ont donné lieu à une publication officielle enregistrée par l’ISVV qui met en évidence la nécessité d’une parfaite connaissance des potentiels viticoles et la mise en place d’une méthodologie stricte pour l’optimisation des vins de presse.

Voir la publication officielle                                                             

Une collaboration d’experts

Pour mener à bien cette étude, Château Montrose et son Directeur Technique, Vincent Decup, dont la philosophie est d’accroître sans cesse la qualité des vins, se sont engagés aux côtés d’experts que sont Stéphanie Marchand, Maître de Conférences à l’ISVV, Alain Martinet, Responsable du Pôle Agricole de l’EPLEFPA*, et Éric Boissenot, Docteur en Œnologie. Ce dernier, connu pour son travail scientifique mené sur le respect du vin, est un grand défenseur des extractions douces et des « presses » qu’il considère comme un enjeu qualitatif de premier plan.

La recherche dans l’ADN de la propriété

Cette étude sur la valorisation des vins de presse s’inscrit dans le cadre de nombreuses autres études et expérimentations initiées en 2016, lors de la création du pôle R&D du Grand Cru Classé de Saint-Estèphe piloté par Vincent Decup. Une vision d’avenir qui fait partie intégrante des valeurs de Montrose, boussole au quotidien des pratiques de vinification mais aussi culturales et environnementales. Un deuxième volet de cette étude débutera en janvier 2023 par la conduite d’un projet de thèse dans le cadre d’une CIFRE* par Margot Larose, doctorante de l’ISVV, afin de mettre en lumière les aspects qualitatifs encore méconnus des vins de presse.

*ISVV : Institut des Sciences de la Vigne et du Vin.

*EPLEFPA : Etablissement Public Local d’Enseignement et de Formation Professionnelle Agricoles de Bordeaux.

* CIFRE : Les Conventions Industrielles de Formation par la Recherche permettent de renforcer les échanges entre les laboratoires de recherche publique et les milieux socio-économiques, favoriser l’emploi des docteurs dans les entreprises et contribuer au processus d’innovation des entreprises établies en France.

 

Saint-Estèphe 2021, un classique des temps modernes

Crédit photo Visionair

Les millésimes se suivent mais ne se ressemblent pas. Si 2021 n’appartient pas à la catégorie des solaires comme le sont 2020 et 2018 ou des magnifiques 2016 et 2019, il n’en est pas moins un millésime qui mérite d’être dans la cave de tout bon connaisseur ! Si l’on devait le comparer à un prédécesseur, on serait tenté de le classer au-dessus des millésimes 2014 et 2017 auxquels il s’apparente par certains aspects tout en lui conférant une place à part tant ses nuances lui sont propres. Mais surtout, 2021 nous rend fiers et optimistes par sa qualité. Bien sûr, ce millésime de vigneron aura mis nos nerfs à rude épreuve en raison de la forte pression exercée tout au long de l’année par des conditions climatiques laissant peu de répit aux viticulteurs, mais le travail, l’expérience, les soins apportés à la vigne et au chai ont permis de réussir ce millésime de tri et de patience.  Épargné par le gel du printemps et par la grêle, Saint-Estèphe tire une fois de plus son épingle du jeu avec un rendement identique à celui de l’an passé. Grâce à ses qualités naturelles parmi lesquelles ses terroirs drainants et sa grande proximité avec le fleuve, auxquelles s’ajoutent celles des viticulteurs et des œnologues qui bénéficient d’une connaissance et d’une technicité grandissantes, 2021 se révèle être un millésime d’équilibre présentant une matière dense, de la fraîcheur et un beau fruité. En ce début d’année 2022, après deux ans d’une crise sanitaire impactante, nous nous préparons à une nouvelle épreuve liée aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine.  Dans cette situation incertaine, nous continuerons à porter haut et fort le message de nos vins, symbole de civilisation, de convivialité et d’échanges culturels. 

Jean-François Delon, Président du Syndicat Viticole de Saint-Estèphe.

UN HIVER ALTERNANT DOUCEUR ET FRAÎCHEUR

Le commencement de l’année est humide et rythmé par l’alternance des périodes fraîches et douces. Les mois de janvier et février affichent un taux de pluviométrie supérieur à ceux de 2020 et 2019 avec 180 mm de pluies tombées sur ces deux mois sans toutefois dépasser celui de 2018 largement supérieur à la moyenne.

UN PRINTEMPS QUI SOUFFLE LE CHAUD ET LE FROID

Les températures quasi estivales de la fin du mois de mars favorisent la sortie des premiers bourgeons notée tout début avril, soit légèrement en avance par rapport à la moyenne trentenaire, cependant pas autant qu’en 2020 qui fut très précoce de 8 à 10 jours.

Alors que le débourrement se déroule dans une relative homogénéité, début avril connait un épisode de gel d’une rare intensité qui frappe l’ensemble des vignobles français. Des températures particulièrement froides en dessous de -5°C s’abattent sur Bordeaux dans les nuits du 7 et 8 avril. L’ensemble des appellations du Médoc est touché mais les degrés d’intensité sont variables. A Saint-Estèphe, si quelques rares parcelles situées dans les terrasses basses ont pu être affectées par le gel, l’ensemble du vignoble, qui bénéficie de sa grande proximité avec l’estuaire, est épargné.

UNE FLORAISON PERTURBÉE

Mai est marqué par une fraîcheur des températures et de nombreuses pluies. Toutefois la pleine fleur est notée début juin se situant dans la moyenne des trente dernières années. 10 jours d’un temps sec et ensoleillé jusqu’au 16 avril sont suivis de pluies et d’orages. Les risques de grêle sont importants et quelques parcelles sont touchées. Là encore l’appellation dans son ensemble est épargnée. L’autre danger pour les viticulteurs vient des pluies incessantes qui font craindre la coulure et le millerandage et par conséquent les menaces de développement du mildiou. L’inquiétude est vive quant au risque de perte de volume de la future récolte.

UNE VÉRAISON LENTE

Cette crainte se concrétise en raison du temps mi-figue mi-raisin tout au long du mois de juillet. Alors que les raisins atteignent le stade ‘fermeture de grappe’, les beaux jours estivaux alternent avec les jours pluvieux. Comme il fallait s’y attendre l’excès de chaleur et d’humidité provoque des attaques de mildiou sur feuilles. Par conséquent la véraison à l’image de la floraison s’en trouve ralentie et présente une certaine hétérogénéité d’une parcelle à l’autre et au sein même d’une parcelle. Cependant la mi-véraison observée le 12 août connait une accélération vers le 15 août grâce aux fortes chaleurs.

UNE ANNÉE DE VIGNERON

Dans la vigne, la pression est intense avec un risque de développement potentiel du Botrytis obligeant les viticulteurs à redoubler de vigilance. Ils le savent bien, leur investissement en matière de pratiques culturales et prophylactiques sera déterminant pour assurer la qualité de ce millésime. Tout est mis en oeuvre pour faciliter une maturation complète en optimisant les travaux culturaux comme l’effeuillage. Août plutôt sec et très ensoleillé en fin de mois, permet de rattraper le retard et favorise la maturation tandis que les pluies de la mi-septembre donnent de belles baies juteuses.

DES VENDANGES TARDIVES

Attendre la maturité phénolique pour faire le meilleur tout en gardant un œil sur la météo et gérer le risque du mildiou, tel est le mot d’ordre de chaque viticulteur. Heureusement l’ensoleillement et le temps sec et frais dans la première quinzaine d’octobre viennent parachever la maturité du Cabernet et transcender son potentiel qualitatif. Ces conditions favorables permettent d’attendre le moment idéal pour vendanger chaque parcelle à la bonne maturité. Les vendanges débutent fin septembre/début octobre par la récolte des Merlots suivie de celles des Cabernets vers la mi-octobre.

UN VIN ÉQUILIBRÉ

Les premières dégustations sont marquées par une belle maturité et un équilibre alcool-acidité différent des années précédentes. Les Merlots sont frais, bien structurés et aromatiques. Quant au Cabernet récolté sous un temps idéal, il est le grand gagnant de cette année avec sa couleur sombre et ses arômes d’épices et de petits fruits noirs magnifiés par des tanins bien présents mais souples. Certes le millésime fut éprouvant mais le travail des viticulteurs et des œnologues pour extraire le meilleur permet de constater avec satisfaction la grande qualité du 2021.  La singularité climatique qui le caractérise lui confère des nuances particulières, une identité propre qui le rapprocherait des millésimes anciens de par son équilibre acidité-alcool mais cependant doté d’une plus grande maturité.

Les vendanges 2021 à la loupe,

Récit d’un itinéraire mouvementé

Laboratoire Rolland & associés

Le début du cycle végétatif de cette année 2021 aura été pour le moins mouvementé. Mais l’heureuse climatologie de cette arrière-saison a offert une formidable occasion d’achever avec panache ce millésime qui restera gravé dans les mémoires vigneronnes.

Un mois d’août incertain

La mi-août signe la phase finale de coloration des raisins, avec un déficit de chaleur et de luminosité important depuis la fin du mois de juin. On note alors une absence totale de contrainte hydrique à cette période. Les raisins, comme de nombreux autres fruits, sont encore fades et aqueux fin août. La pulpe déborde d’acidité et d’eau ; les peaux manquent de goût.

Le stress de la récolte des premiers raisins rouges mi-septembre

Dix jours d’instabilité marquent la mi-septembre. Il pleut régulièrement et les températures sont élevées pour la saison.

Le travail viticole, mené tout au long de l’année, paye. Les raisins sont aérés, et les vignes, parce que leur vigueur est maîtrisée, résistent et supportent ces quelques jours instables. Il est vrai qu’ensemble nous cherchons absolument des raisins avec du goût, des tanins séduisants, qui ne se laissent pas emporter par une acidité trop agressive.

Du sang froid en septembre…

La quasi-totalité du mois de septembre a été chaud, avec un pic de température jamais rencontrée depuis 1911.

Le botrytis fréquent, mais de très faible intensité dans le vignoble, ne s’est finalement pas développé. Preuve indiscutable : la saison des cèpes tant attendue en septembre n’a pas démarré !

Les premiers merlots de Saint-Estèphe sont vendangés fin septembre. Il y a toujours deux dates-clés : celle où on commence à vendanger, et celle où on achève la récolte. Et cette année, le rythme de ramassage a été très saccadé, exigeant dans la prise de décision tantôt la rapidité, tantôt la retenue.

A cette période, 2021 s’annonce comme un millésime typiquement océanique, et non pas solaire comme les derniers que nous avons vécus. Il n’était pas question d’aller chercher la fraîcheur et l’énergie nécessaires pour équilibrer une puissance qui aurait été naturellement présente.  Au contraire, les raisins débordaient d’acidité et souffraient d’un manque de concentration. Il a fallu ainsi du temps pour dépasser la note végétale et attendre l’indispensable expression aromatique du fruit. 

…. Et un sacré coup de chance en octobre

Il faut dire que la météorologie du mois d’octobre nous a offert une chance incroyable avec des journées chaudes à plus de 20°C qui furent salutaires. Les raisins ont pu perdre leur surplus d’eau, et ont gagné en concentration. Le soleil et la chaleur ont gommé les notes herbacées et végétales que nous pouvions observer encore quelques semaines plus tôt. Les peaux se sont affinées ; les pépins ont perdu l’amertume pour gagner en maturité.

Les cabernets francs et sauvignon se sont ainsi récoltés avec le sourire et sous le soleil d’octobre.

Au chai, on se méfie de la maturité qui n’est pas excessive. On a cherché à reconcentrer les jus, on a travaillé des extractions très douces au début des fermentations. On a joué sur des macérations post- fermentaires : on a laissé infuser et on a construit la bouche en faisant varier les durées d’infusion et les intensités de lessivage des marcs.

Ce qui nous guide alors – pour ces vins qui n’auront pas d’incroyables densités, c’est la volonté de conserver le charme du fruit que nous avions en goûtant les raisins en octobre. On souhaite trouver une structure tannique charmeuse, sans chercher une puissance qui n’était pas présente naturellement.

Un millésime d’audace et d’engagement

2021 aura clairement été un millésime de courage, d’engagement, d’audace. Il aura fallu prendre des risques – sans doute un peu plus que ces dernières années, et se montrer patient pour résister à la tentation de tout ramasser, au moment des pluies de la fin septembre.

C’est aujourd’hui un pari gagné car les 2021 sont des vins qui allient le velouté dans la texture, le plaisir et la fraîcheur typique des Bordeaux d’aujourd’hui.

O.D.G de Saint-Estèphe

http://www.saint-estephe.fr

2020 Saint-Estèphe, Yin and Yang

Photo Visionair.fr

2020 ended the decade on a high. It is a perfect example of Bordeaux know-how and is a great, classic, complex, rich and unctuous vintage, which ticks all the boxes. It is one of the finest early-ripening vintages. An over-achiever, it succeeded in making the most of extreme conditions to reach the perfect balance. While the entire vintage was marked by warm weather, making it one of the five earliest in the past twenty years, variations in rainfall, which required a great deal of vigilance in the vineyard, turned out to be a blessing in disguise. 2020 will also be remembered for the unprecedented health crisis, which compelled the wine sector to adapt its vineyard operations at all costs. The emergence of the #lavignenattendpas (the vines don’t wait) hashtag sums up the dilemma faced by winegrowers. Nature does not lock down! Consequently, while the first lockdown in France, announced on 16 March, disrupted usual operations, measures were soon put into place so that work could resume in compliance with health regulations. The crisis, the social and economic impacts of which are still unknown, will leave its mark. While sales are picking up today, they cannot compensate for losses in export and catering markets. The success of the 2020 vintage rekindles hope and confidence and we look forward to inviting you to taste it very soon. 

Basile Tesseron, President of the Saint-Estèphe Winegrowers’ Association

A mild winter and an early growth cycle 

The winter was very mild. While the French economy almost ground to a halt, the opposite was true for the vines, which grew very quickly. Particularly mild winter temperatures were conducive to early bud break, which occurred on 20 March, i.e. fifteen days earlier than usual. We all remember the fine, sunny days during France’s nationwide lockdown.

A sunny, wet spring, with even flowering

Several cool, wet spells in April and May did not adversely affect the growth cycle. Consequently, flowering was smooth, even and three weeks earlier than usual, around 20 May. Fruit set was quick and regular, with no shot berries or millerandage (abnormal fruit set) although the warm, humid conditions increased the risk of mildew. 

A hot, dry summer

The hot summer was marked by heatwaves from 20 June to 10 August, with record temperatures exceeding 40°C, although the vines did not suffer from water stress. 

The first grapes changed colour mid-July in drought conditions. This period of intense heat caused the vines to partly lose their head start secured during bud break. The summer heat lasted throughout August, during the day and at night. The limited temperature variations caused the vines to rapidly consume their malic acid and gradually build up sugar and colour (anthocyanins). Thankfully, the balance between sugar and acidity was restored in late August with 

the return to cool nights. The accumulated sugar was redistributed in the pulp and the anthocyanins in the grape skins. 

The first ripeness analyses revealed high sugar levels and low acidity. The warm, wet conditions led to traces of Botrytis cinerea mid-August although fortunately fungal development stabilised and did not spread. 

A rainy spell before 15 August provided welcome relief. In the lead-up to the harvest, everything looked perfectly fine, suggesting excellent winemaking potential. The grapes had thick, crunchy skins and were in perfect condition. 

An early harvest – with masks on!

Initial ripeness analyses confirmed the huge potential of the 2020 vintage, which ripened 10-15 days earlier compared to 2019. The hot, dry conditions produced small grapes with thick, fairly impermeable skins. 

In light of the health crisis, winegrowers began preparing for a harvest like no other! For the first time, it was not the quality that worried them – they already knew it was excellent! They were most concerned about how to organise the harvest, classified as a high-risk event. Estate employees, as well as the many seasonal workers who flock to the appellation each year, had to comply with special precautions and social distancing measures, alongside other limitations. 

Picking began two weeks earlier compared to “usual” vintages, shortly after mid-September, yielding low volumes due to the size of the berries. Several factors accelerated the decision to bring forward the harvest date: a week of cool, wet weather forecast for late September, as well as drought conditions which increased the alcohol content and lowered acidity.

Despite the small size of the berries, which were still heavier than last year, the quality was wonderfully even from one plot to the next. The threat of Botrytis cinerea did not abate, although it was contained and did not spread, partly thanks to the thickness of the grape skins.  

Perfect balance and outstanding aromatic expression

The Cabernet Sauvignon, Merlot and Petit Verdot are incredibly aromatic. The juices are deeply-coloured and incredibly concentrated. Extraction revealed ripe and intense aromas, while the quality of the tannins is very promising. Initial tastings suggest a very traditional vintage, characterized by freshness and superb balance. 2020 ranks among the great sunny vintages, oozing richness and spicy notes. 

WINEGROWERS’ IMPRESSIONS

Vincent Millet, Manager at Château Calon Ségur, 3rd Classified Growth.

The 2020 vintage was marked by a very wet and mild winter, eliciting an early start to the growing season. Flowering took place under ideal conditions. From flowering until the first days of the harvest, the vineyards endured five heatwaves, with no rainfall between mid-June and the first ten days of August. In spite of this, the vines showed no signs whatsoever of severe water stress (no defoliation or blocked ripening), undoubtedly thanks to water reserves accumulated over winter and spring. Once again, the high clay content in most of our soils played a key role in ensuring a good water supply. The Merlots and Cabernets were picked ten days earlier compared to recent vintages. The wines are full-bodied and juicy on the palate, with floral, spicy notes and smooth, rich tannins, culminating in a long and aromatic finish with a salty tang.

Vincent Bache-Gabrielsen, Managing Director at Château Lilian Ladouys, Cru Bourgeois Exceptionnel.

2000, the hottest year since 1900! To help us adapt to the hottest year on record since 1990, we relied both on our expertise of the terroirs and the resilience of our vineyards, which are currently undergoing a conversion to organic agriculture. Thanks to high rainfall during winter and spring, the soils stored sufficient water reserves and were thus able to counterbalance the effects of drought conditions during summer. Very early on, we had to intervene in the vineyards and create a favourable microclimate by thinning the leaves to improve resistance to mildew. In 2018, we decided to focus on Saint-Estèphe’s greatest terroirs, which primarily consist of deep clay gravel (representing 80% of our vineyards). This decision proved fully worthwhile this year, with flowering occurring a week earlier in gravely soils compared to our clay-limestone plots. Early flowering coupled with summer heat led the harvest to start several days earlier compared to the 2019 vintage, in order to preserve “al dente” grapes. Picking thus began on 5 September, finishing on 30 September 2020.  After intense cooling of the vats, gentle fermentation was the motto for this vintage. Our team strived for precision winemaking in order to reach the desired balance, which the outstanding tannic potential of the grapes could have disrupted. Beautifully intense, the Merlots dominate the blend, as was the case in 2019. Balance and emotions are thus the watchwords of 2020 Château Lilian Ladouys! 

Pascal Friquart, Managing Director at Château Tour Saint-Fort, Cru Bourgeois.

With temperatures 2 to 3°C above average, the winter of 2019-2020 was the hottest since the start of the 20th century. The beginning of the growing season was marked by weather conditions propitious to early bud break. In addition, waterlogged soils and mild temperatures increased the threat of mildew, powdery mildew and snails. Correctly managing plant protection treatments during spring was crucial yet difficult to implement on saturated soils, with the risk of crop loss due to mildew. After a very wet late April and early May (over 120°mm of rainfall in 2 days), fine, warm weather returned. Flowering then unfolded smoothly, almost a month earlier compared to 2019. From mid-June onwards, hot, dry conditions finally settled in, lasting until September. This led to water stress in the most well-drained soils. A rainy spell mid-August accelerated véraison (colour change) and prevented the grapes from shrivelling. The terroir was really crucial this year, since the quality of the soils played a key role in the vintage. They had to be able to store very high precipitation in spring, and release it during hot, dry conditions which lasted over two months. The head start to the growing season in spring led to an early harvest, which took place from 21 to 30 September. The harvest began with the Merlot grapes, which displayed superb balance, while rainfall slightly hampered the end of ripening for the Cabernets. Initial tastings are promising and provide hope for an elegant, fruity wine with a fine tannic structure. 

Saint-Estèphe 2020 : le Yin et le Yang

Photo Visionair.fr

2020, clôture la décennie avec panache ! Le millésime incarne ce que Bordeaux sait produire de mieux ; un grand millésime classique, complet, complexe, riche et onctueux. Il appartient aux beaux millésimes précoces. Surdoué, il l’est par ses prouesses à marier le feu et l’eau pour atteindre l’équilibre. Si la chaleur caractérise ce millésime tout au long de l’année et le fait figurer parmi les 5 millésimes les plus précoces des 20 dernières années, la pluviométrie contrastée qui nous a obligés à beaucoup de vigilance dans la vigne s’est révélée être sa meilleure ennemie. On retiendra également un contexte singulier, celui d’une crise sanitaire inédite, obligeant le monde de la viticulture à s’organiser pour continuer à mener à bien le travail dans les vignes, coûte que coûte. L’apparition du hashtag #lavignenattendpas résume à lui seul le dilemme posé aux viticulteurs. La nature ne se confine pas ! Le premier confinement annoncé le 16 mars perturbe la logistique habituelle mais très vite tout est mis en place pour avancer dans le respect des normes sanitaires. La crise laissera des traces dont on ne mesure pas encore tous les impacts sociaux et économiques. Si aujourd’hui les ventes ont repris, elles ne compensent pas les pertes à l’exportation et dans la restauration. La réussite du millésime 2020 nous offre l’espoir et la confiance et nous sommes heureux de pouvoir vous faire déguster prochainement ce très beau millésime.

Basile Tesseron, Président du Syndicat Viticole de Saint-Estèphe

Une douceur hivernale et une précocité du cycle végétatif

L’hiver est très doux. Si l’activité économique de la France tourne au ralenti, la nature de son côté va très vite. Les températures particulièrement chaudes de l’hiver favorisent un débourrement précoce, noté le 20 mars soit une quinzaine de jours d’avance par rapport à la normale. Nous gardons tous en mémoire les belles journées ensoleillées qui rythment alors la période du confinement dans laquelle la France entière est plongée.

Un printemps ensoleillé et humide, une floraison homogène

Les quelques cours épisodes de temps frais et humide en avril et mai n’ont pas eu de conséquence sur le cycle de développement. De ce fait la floraison affiche une belle homogénéité avec une avance de 3 semaines par rapport à la date normale avec une date aux alentours du 20 mai. La nouaison est rapide et régulière exempte de coulure et de millerandage mais les conditions de chaleur et humidité maintiennent une forte pression du mildiou.

Un été chaud et sec

L’été chaud est marqué par des périodes caniculaires du 20 juin au 10 août qui affichent des records de températures avec des journées à plus 40°C. Malgré cette chaleur excessive, la vigne ne subit pas de stress hydrique.

L’apparition des premières baies colorées débute à la mi-juillet en pleine période de sécheresse. Cette période de chaleur intense fait perdre à la vigne un peu de son avance pris pendant le débourrement. La chaleur estivale persiste tout le mois d’août avec des journées mais aussi des nuits chaudes. C’est durant cette période de faible amplitude thermique que la vigne consomme rapidement son acide malique et transforme progressivement ses sucres ainsi que la couleur (anthocyanes). Heureusement l’équilibre sucre/acidité se rétablit à la fin août avec le retour des nuits fraîches. L’accumulation des sucres est redistribuée dans la pulpe et les anthocyanes dans la pellicule.

Les premiers contrôle de maturité affichent des teneurs en sucre élevées et des acidités basses. Du fait de ces conditions chaudes et humides, on observe bien quelques traces de Botrytis à la mi-août mais fort heureusement la dégradation se stabilise et n’évolue pas.

L’épisode pluvieux avant le 15 août se révèle salvateur. A la veille de la récolte, les signaux sont tous au vert et laissent présager un beau potentiel œnologique. Les baies ont des peaux épaisses et croquantes et l’état sanitaire est parfait.

Des vendanges précoces et masquées !

Les premiers contrôles de maturité confirment le grand potentiel œnologique du 2020 avec une avance de 10-15 jours par rapport à 2019. Les conditions climatiques chaudes et sèches ont donné des petits raisins avec des pellicules épaisses et peu perméables.

Sur fond de crise sanitaire, les viticulteurs s’organisent et se préparent à des vendanges inédites ! Pour la première fois, ce n’est pas la qualité qui les inquiète, ils la savent excellente ! Leur préoccupation se porte sur l’organisation de ces vendanges à haut risque. Le personnel des châteaux mais aussi les nombreux saisonniers qui affluent chaque année dans l’appellation vont devoir travailler en respectant des précautions particulières, les distanciations physiques et autres contraintes.

La cueillette débute avec deux semaines d’avance en moyenne par rapport à une année dite « normale ».  Les vendanges démarrent après la mi-septembre avec des volumes faibles liés à la petite taille des baies. Plusieurs facteurs accélèrent la décision d’avancer les dates de vendanges : l’annonce d’une semaine pluvieuse, humide et fraîche fin septembre mais aussi les conditions de sécheresse qui font monter l’alcool et baisser l’acidité.

Malgré les petites tailles des baies dont le poids reste plus important que l’an passé, on constate une belle homogénéité entre les parcelles. La menace du Botrytis est toujours présente mais il est contenu et ne se développe pas en partie grâce à l’épaisseur des pellicules. 

Un équilibre parfait et des expressions aromatiques exceptionnellles

Cabernet Sauvignon, Merlot et Petit Verdot atteignent des expressions aromatiques exceptionnelles. Les jus très colorés présentent des densités profondes. Au fur et à mesure des extractions, les arômes se précisent mûrs et intenses, la qualité des tanins est très prometteuse. Aux premières dégustations, 2020 présente un profil assez classique caractérisé par une fraîcheur et un bel équilibre. Il rentre dans la catégorie des grands millésimes solaires, épicés, onctueux.

Paroles de viticulteurs

Vincent Millet, Gérant du Château Calon Ségur, 3ème Grand Cru Classé.

Le millésime 2020 a été marqué par un hiver très humide et très doux favorisant un réveil précoce de la vigne. La floraison s’est déroulée sous les meilleurs auspices. De la floraison jusqu’aux premiers jours des vendanges, le vignoble a connu cinq vagues de chaleur et aucune pluie n’a été enregistrée de mi-juin à la première décade d’août. Pour autant, la vigne n’a jamais montré des signes de stress sévère (ni défoliation, ni blocage) en raison certainement des réserves d’eau d’hiver et de printemps. Là encore, l’argile présente en grande majorité dans nos sols a joué un rôle essentiel dans l’alimentation de la plante. Les merlots et cabernets ont été ramassés avec 10 jours d’avance par rapport aux derniers millésimes. Les vins expriment des notes florales et épicées, présentent une bouche juteuse et ample. Les tanins sont suaves et enrobants et la finale est longue et aromatique avec une touche saline.

Vincent Bache-Gabrielsen, Directeur du Château Lilian Ladouys, Cru Bourgeois Exceptionnel.

Pour s’adapter à l’année la plus chaude enregistrée depuis 1900, nous avons pu compter sur la connaissance de nos terroirs et la résilience de notre vignoble, désormais en conversion officielle en agriculture biologique.  Grâce à des précipitations hivernales et printanières importantes, les sols ont pu constituer une réserve hydrique suffisamment importante et contrebalancer ainsi les effets de la sécheresse de l’été. Très tôt, il a fallu intervenir sur la vigne pour créer un microclimat favorable, grâce à un effeuillage précoce, et mieux résister à la pression du mildiou. En 2018, nous avons fait le choix de nous recentrer sur les plus beaux terroirs de Saint-Estèphe, essentiellement constitués de graves argileuses profondes (80% de notre vignoble). Ce choix s’est avéré pleinement payant cette année avec une floraison plus précoce d’une semaine pour ces sols de graves par rapport à nos parcelles situées sur des sols argilo-calcaires. Cette précocité et la chaleur estivale ont permis de débuter les vendanges avec quelques jours d’avance par rapport au millésime 2019 pour conserver un fruit « al dente ». Elles ont ainsi commencé le 15 septembre pour se terminer le 30 septembre 2020.  Après un travail intense de refroidissement des cuves pour permettre des vinifications sans excès, la douceur a été le mot d’ordre pour la vinification de ce millésime. Afin d’atteindre l’harmonie recherchée, que le potentiel tannique exceptionnel des raisins aurait pu perturber, notre équipe a réalisé un travail de précision, tout en équilibre. D’une très belle intensité, les merlots dominent l’assemblage, tout comme en 2019. Harmonie et émotions sont alors les maîtres mots du Château Lilian Ladouys 2020 ! 

Pascal Friquart, Directeur du Château Tour Saint-Fort, Cru Bourgeois.

Avec des températures moyennes supérieures de 2 à 3 °C, l’hiver 2019-2020 est le plus chaud depuis le début du XXe siècle. Le début de saison est marqué par une climatologie favorable à un débourrement précoce. Par ailleurs, les sols gorgés d’eau et les températures douces vont maintenir un climat favorable au mildiou, oïdium et escargots. La bonne gestion des plans phytosanitaires au printemps était cruciale et difficile à mettre en œuvre avec des sols détrempés, sous peine d’être impacté par des pertes de récolte dues au mildiou. Après une fin avril et un début mai très arrosés (plus de 120 mm sur 2 jours), le temps redevient beau et chaud. Dans le prolongement, la floraison se déroule parfaitement avec près d’un mois d’avance par rapport à 2019. À partir de la mi-juin, le temps devient sec et chaud sur une période s’étalant jusqu’au mois de septembre. Cela a entrainé un stress hydrique sur les parcelles les plus drainantes. L’épisode pluvieux de la mi-août permettra d’accélérer la véraison et d’éviter le flétrissement des baies. Notre terroir a eu vraiment son importance cette année. En effet, la qualité des sols a eu un rôle majeur dans ce millésime. Ils devaient être capable d’absorber une quantité d’eau importante au printemps, mais aussi être capable de la restituer durant cette période sèche et chaude qui s’est déroulée sur plus de 2 mois. L’avance prise au printemps, nous allons la retrouver avec des vendanges précoces qui ont débuté le 21 septembre pour se terminer le 30 septembre. Les merlots seront ramassés les premiers avec de jolis équilibres. Les cabernets seront un peu contrariés dans leur fin de maturation par les pluies. Les premières dégustations sont encourageantes et nous permettent d’espérer un vin élégant, fruité avec une jolie trame tannique. 

Télécharger le Carnet de vendanges 2020 de Saint-Estèphe

Château Montrose anticipe les changements climatiques

Communiqué, mars 2021 – Environnement-Viticulture

Vue aérienne du Château Montrose et du Grand chai, au premier plan le carrelet et la Garonne. Crédit photo : Deepix

Dans le cadre de sa stratégie environnementale globale, Château Montrose met en place une étude agro-pédo-climatique de grande ampleur, jamais réalisée à ce jour à l’échelle d’une propriété. Conduite en partenariat avec le climatologue Benjamin Bois et le géologue Pierre Becheler, cette étude dont l’objectif principal est de mieux comprendre le vignoble dans son ensemble afin de mieux le préparer aux changements climatiques, s’inscrit dans la continuité des études de terroir précédemment menées à Montrose.

Comprendre le fonctionnement du terroir face au réchauffement climatique

Si le terroir de Château Montrose situé en bordure de la Gironde figure parmi les plus privilégiés, les enjeux du réchauffement climatique se posent partout. Le célèbre Cru Classé de Saint-Estèphe, très investi en matière de développement durable depuis plus de 15 ans, lance une étude agro-pédo-climatique pour une meilleure compréhension du fonctionnement de la vigne en interaction avec son environnement pédologique et climatique.

Le top départ de cette étude a été donné en février dernier. Il s’agit d’un audit de grande ampleur réalisé pour la première fois à l’échelle d’une propriété. Pour mener à bien cette étude, l’équipe R&D conduite par Vincent Decup (Directeur Technique de Château Montrose) a fait appel à deux spécialistes, Benjamin Bois*, climatologue et Pierre Becheler*, géologue. Ce comité pluridisciplinaire va étudier la variabilité spatiale du climat à l’échelle de l’exploitation et la mise en relation avec le fonctionnement de son terroir. L’objectif : comprendre la réaction des terroirs face au changement climatique à l’horizon 2050.

De gauche à droite: Vincent Decup, Benjamin Bois et Pierre Becheler

A la croisée des données

Plusieurs étapes vont rythmer cet audit. 60 capteurs de mesure des températures et d’hygrométrie ont été installés à la vigne en mars dernier. Leur positionnement hors sol à hauteur de grappes a été décidé en fonction des zones topographiques et des caractéristiques de chaque parcelle (zones plus ou moins précoces, sensibles au mildiou, à la sécheresse…). Appuyée par les études des fosses pédologiques qui suivront, l’analyse des données agro-climatiques des capteurs s’effectuera en octobre. Ces données permettront d’établir une cartographie qui, superposée aux autres cartographies et études de résistivités des sols déjà réalisées, délivreront des informations sur le comportement du végétal face au réchauffement climatique. Le croisement de ces données agro-pédo-climatiques permettra d’anticiper les impacts futurs du changement climatique sur la vigne et d’en déduire un mode de conduite du vignoble sur mesure et parfaitement adapté au nouveau contexte.

Rendez-vous aux prochaines vendanges pour les premières analyses…

Capteurs de mesure des températures et d’hygrométrie

*Benjamin Bois est maître de conférences en viticulture et climatologie à L’Université de Bourgogne. Il est l’auteur d’une thèse publiée en 2007 « Cartographie agro climatique à méso-échelle – méthodologie et application à la variabilité spatiale du climat en Gironde viticole – conséquences pour le développement de la vigne et la maturation du raisin. » Il dirige actuellement une thèse sur l’« Analyse spatiale et temporelle des extrêmes climatiques en Bourgogne-Franche-Comté : impacts sur la viticulture. »

*Pierre Becheler est un géologue spécialisé dans les études de pédologie et études de sols viticoles, hydrologie, hydrogéologie et géomorphologie. Il est l’auteur de nombreuses études et cartographies de terroirs viticoles.

Si Arsac m’était chanté

Château d’Arsac annonce le lancement d’un spectacle musical en parlé-chanté : « Si Arsac m’était chanté »

A partir du 1er avril prochain, Château d’Arsac, Cru Bourgeois Exceptionnel de Margaux, proposera aux visiteurs une expérience artistique et sensorielle inédite en Médoc : un spectacle audiovisuel innovant entre scénographie et textes audio autour d’une visite de la propriété en parlé-chanté.

« Si Arsac m’était chanté », premier spectacle oeno-musical

Depuis 36 ans, le Château d’Arsac suit une route singulière, mariant « le Goût et le Beau » grâce à son vin désormais « Cru bourgeois Exceptionnel de Margaux » et à son Jardin de sculptures.

Entre rangs de vignes et sculptures monumentales, il semblait parfois ne manquer au château que la parole pour raconter son histoire vieille de plus d’un demi-millénaire, mais aussi la vie quotidienne, la fleur de mai, les matins de vendanges, le travail du chai dans les amples parfums de fin d’été.

C’est pourquoi Philippe Raoux, propriétaire du domaine, a décidé pour conjurer la période chaotique que nous traversons, d’habiller de musique, d’harmonie et d’un petit grain de folie cette histoire d’Arsac à travers un spectacle oenotouristique en parlé-chanté.

Onze « tableaux » musicaux, une installation multimédia immersive

Comme dans les films de Jacques Demy qui savaient si bien enchanter le quotidien, l’habiller de poésie, les onze « tableaux » musicaux originaux du spectacle rendent hommage aux minuscules moments, aux gestes, aux us et aux hommes qui produisent le vin.

Cette représentation conçue comme une œuvre contemporaine offrira aux visiteurs une immersion sensorielle. Dans les chais, lieux de scénographie, les voix et les images permettront aux visiteurs une interprétation émotionnelle.

Une œuvre contemporaine réalisée par des artistes locaux

Pour mettre en scène cette représentation, une équipe de professionnels expérimentés : deux auteurs (paroles et musique) François Gaulon et son épouse Muriel, un scénographe, Pierre Fossey, un réalisateur, Éric Bernard et le musicien bordelais Garlo.

Cette aventure musicale de 45 minutes s’achèvera avec une dégustation.

Parce que le vin est une fête, ce premier spectacle oeno-musical au monde entend renouer selon Philippe Raoux, chef d’orchestre du projet, avec les plaisirs des sens, mais aussi insuffler un peu de liberté, de légèreté et de poésie dans les vignes de Château d’Arsac.

INFORMATIONS PRATIQUES

« Si Arsac m’était chanté »,  Lancement le 1er avril 2021

Spectacle de 45 minutes (visite oeno-musicale, installation multimédia immersive) suivi d’une dégustation de vin (1h/1h15 au total).

Sessions : Les mercredi, vendredi et samedi à 14h30 incluant une dégustation du Château d’Arsac, appellation Margaux.

Réservation obligatoire.

Tarifs : Adulte 20€ ; enfant de 8 ans et plus 10€.

RESERVATIONS :

En ligne : www. chateau-arsac.com

Par mail : contact@chateau-arsac.com

Par téléphone : +33 05 56 58 83 90.

Part 2/8 – Histoire Saint-Estèphe. Terre d’échanges dès l’époque gallo-romaine / A land of exchange even in gallo-roman times

Les Gaulois du Médoc qu’on appelle les Médulli -une peuplade autochtone celte qui aurait donné son nom au Médoc, ‘terre du Milieu’ ‘milieu des eaux’- ont sans doute exploité la vigne après avoir fait connaissance avec le vin importé d’Italie par les Romains. Bien qu’avant le Moyen-âge on ne puisse pas véritablement parler de culture de la vigne dans le Médoc, on pense que les échanges commerciaux et culturels entre ces deux peuples ont contribué à l’apport des améliorations et des nouveautés dans la viticulture. Les Romains appréciaient le savoir faire des Gaulois notamment dans la métallurgie, le tissage de la laine et surtout les techniques du bois, comme la tonnellerie, une invention judicieuse dont nos grands vins ne pourraient se passer. Le peuple gaulois et notamment les Bituriges Vivisques, fondateurs de Burdigala (Bordeaux), acclimatèrent le cépage Biturica, ancêtre possible du cabernet. Les nombreux vestiges gallo-romains, découverts un peu partout dans l’appellation (Aillan, Cos, Meney, l’Hôpital de Mignot, Montrose ou au Bourg), recensent des vases, des tuiles, des pièces, des haches.

Extrait de la carte du cours de la Garonne 1759

Le port Saint-Estèphe serait-il une extension de Noviamagus, grand centre urbain gallo romain ?

Le fleuve a joué un rôle primordial dans l’histoire de Saint-Estèphe en permettant aux navires de toutes origines de venir s’approvisionner en produits locaux ou échanger des marchandises. Les nombreux cours d’eau, esteys et marais racontent aussi l’histoire de cette commune.

Des amarres de bateaux découverts au pied d’une vieille tour à Saint-Corbian plus précisément dans une parcelle de vignes du château Tour des Termes (qui signifie ‘Fin des Terres’) confirme l’existence d’une importante communication par la navigation dans les marais et larges esteys aujourd’hui asséchés. A proximité de la tour, il existe encore des marais qui ont été utilisés jusqu’au 18ème siècle et constituaient autrefois une vaste baie en communication avec la Gironde. L’actuel château Calon-Ségur se situe sur un site d’oppidum gaulois. Les bateaux venaient accoster jusqu’à ‘Calon’ dont la signification étymologique gauloise rappelle l’eau et la pierre. Dès l’époque gallo-romaine, pour faciliter les échanges commerciaux, des lieux de rendez-vous se créaient à des carrefours frontaliers accessibles par voie d’eau. C’était le cas du marais de Reysson qui réunissait plusieurs ports, ceux de Saint-Estèphe, Cadourne, Saint-Germain d’Esteuil et Vertheuil. Inventés par les Gaulois, repris par les Romains ces marchés-frontières au nombre d’une dizaine en Europe, situés en bordure de rivière sont souvent appelés ‘nouveau marché’ ou Noviamagus.

On sait qu’à cette époque une ville portuaire aussi importante que Burdigala existait: Noviamagus. Beaucoup d’hypothèses ont été émises pour situer cette ville probablement engloutie par les eaux. Selon quelques spécialistes Saint-Estèphe pourrait être une prolongation de Noviamagus ou du moins serait englobée dans la même zone géographique. Son port n’aurait pas disparu mais se serait tout simplement envasé. Il est vrai que la découverte du site archéologique de Brion, proche de Saint-Estèphe, a révélé d’importantes constructions dans ce secteur. Les Romains aurait fait naître une nouvelle ville avec une activité commerciale et administrative intense comprenant théâtre et riches villas. Le site de Brion rappelle la richesse d’occupation que l’on trouve habituellement dans les grands centres urbains. Les restes d’un théâtre semi-circulaire d’environ 2000 places, aussi important que le Palais Gallien à Bordeaux en est la preuve. La partie sud du marais de Reysson qui se situe dans Saint-Estèphe est riche de trouvailles gallo-romaine. D’autres vestiges comme la découverte de la villa de Bois-Carré, près de Saint-Estèphe, située au bord du marais dans la commune de Saint-Yzans, constitue un témoignage précieux de ce que fut un grand domaine agricole. Les nombreux objets trouvés, tels la vaisselle en provenance d’Italie, les colliers de Belgique ou les différentes monnaies nous laissent deviner la place importance qu’occupaient l’activité commerciale et les échanges avec l’extérieur. Il est probable que cette zone d’activité fut Noviamagus mais cette dernière reste secrète et continue d’alimenter les légendes à moins qu’elle ne réapparaisse du fleuve un jour de grande marée.

Saint-Estèphe, a land of exchange even in gallo-Roman times,

The Gauls of the Medoc, known as the Medulli – an indigenous Celtic tribe who are said to have given their name to the Medoc – “terre du Milieu” (middle-earth), “milieu des eaux”   (middle of the water) – without doubt started to cultivate the vine after becoming familiar with wine imported from Italy by the Romans.  Before the Middle Ages we cannot really speak of a wine growing culture in the Medoc, but it is believed that trade and cultural exchanges between these two peoples played a part in the introduction of improvements and innovations in viticulture. The Romans appreciated the skills of the Gauls, particularly in metallurgy, wool weaving and especially wood working techniques, such as cooperage (barrel-making), a judicious invention that our fine wines could not have done without. The Gauls and particularly the Bituriges Vivisques, the founders of Burdigala (Bordeaux), acclimatized the Biturica grape variety, possible ancestor to our Cabernet.  The many roman artifacts discovered more or less throughout the appellation area (Aillan, Cos, Meney, l’Hôpital de Mignot, Montrose or in the St Estèphe village), include vases, tiles, coins and axes.

Could Saint-Estèphe’s port be an extension of Noviamagus, the great Gallo-Roman metropolis?

As the reader would have gathered, the river has played a vital role in the history of Saint-Estèphe by permitting ships from all parts of the world to take in supplies of local produce or to trade goods. The many streams, esteys and marshes also played their part in the commune’s history.

Boat moorings discovered at the foot of an old tower in Saint-Corbian, more precisely in a plot of vines belonging to Château Tour des Termes (which means “Lands End”), confirm that there was a large navigation network in the marshes and broad, now dry channels. Marshes that were used until the 18th Century and that once formed a large bay connecting to the Gironde, can still be found near the tower. The present day Château Calon-Ségur is situated on the site of a Gallic oppidum. The boats came to dock as far as “Calon” whose Gallic etymological origin relates to water and stone. From Gallo-Roman times, meeting places were set up at border intersections accessible by water in order to facilitate trade. The marais de Reysson (Reysson marsh) was one such example. It included several harbours, those of Saint-Estèphe, Cadourne, Saint-Germain d’Esteuil and Vertheuil. Invented by the Gauls, and adopted by the Romans, this type of border-market situated along the river edge, of which there were around ten or so in Europe, were often referred to as “new market” or Noviamagus.

It is known that at this time there was another port town as important as that of Burdigala: Noviamagus. There have been numerous theories attempting to pinpoint the location of this town that was probably swallowed up by the waters. Some scholars believe that Saint-Estèphe may have been an extension of Noviamagus or at least included within the same geographical area.  Its port may not have died out but might simply have sunk. The discovery of the Brion archaeological site near Saint-Estèphe showed that there were once important buildings in this area. The Romans could have created a new town with significant trading and administrative activity that included a theatre and lavish villas. The Brion site is indicative of a richness of occupancy typically found in large urban centres.  This theory is borne out by the ruins of a semi circular theatre of around 2000 seats as large as the Palais Gallien in Bordeaux. The southern part of the Marais de Reysson, located in Saint-Estèphe, is rich in Gallo-Roman finds. Other remains such as those of the Bois-Carré villa, near Saint-Estèphe, located at the edge of the marsh in the Saint-Yzans commune, are important evidence of what was once a great agricultural estate. The numerous objects found, such as tableware of Italian origin, Belgian necklaces and various coins, point to the central role that trading and outside exchanges would have had. It is likely that this busy area was indeed Noviamagus but this town still lies concealed and will continue to nourish legends unless it one day re-emerges from the river on a strong tide.