Saint-Estèphe 2021, un classique des temps modernes

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Les millésimes se suivent mais ne se ressemblent pas. Si 2021 n’appartient pas à la catégorie des solaires comme le sont 2020 et 2018 ou des magnifiques 2016 et 2019, il n’en est pas moins un millésime qui mérite d’être dans la cave de tout bon connaisseur ! Si l’on devait le comparer à un prédécesseur, on serait tenté de le classer au-dessus des millésimes 2014 et 2017 auxquels il s’apparente par certains aspects tout en lui conférant une place à part tant ses nuances lui sont propres. Mais surtout, 2021 nous rend fiers et optimistes par sa qualité. Bien sûr, ce millésime de vigneron aura mis nos nerfs à rude épreuve en raison de la forte pression exercée tout au long de l’année par des conditions climatiques laissant peu de répit aux viticulteurs, mais le travail, l’expérience, les soins apportés à la vigne et au chai ont permis de réussir ce millésime de tri et de patience.  Épargné par le gel du printemps et par la grêle, Saint-Estèphe tire une fois de plus son épingle du jeu avec un rendement identique à celui de l’an passé. Grâce à ses qualités naturelles parmi lesquelles ses terroirs drainants et sa grande proximité avec le fleuve, auxquelles s’ajoutent celles des viticulteurs et des œnologues qui bénéficient d’une connaissance et d’une technicité grandissantes, 2021 se révèle être un millésime d’équilibre présentant une matière dense, de la fraîcheur et un beau fruité. En ce début d’année 2022, après deux ans d’une crise sanitaire impactante, nous nous préparons à une nouvelle épreuve liée aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine.  Dans cette situation incertaine, nous continuerons à porter haut et fort le message de nos vins, symbole de civilisation, de convivialité et d’échanges culturels. 

Jean-François Delon, Président du Syndicat Viticole de Saint-Estèphe.

UN HIVER ALTERNANT DOUCEUR ET FRAÎCHEUR

Le commencement de l’année est humide et rythmé par l’alternance des périodes fraîches et douces. Les mois de janvier et février affichent un taux de pluviométrie supérieur à ceux de 2020 et 2019 avec 180 mm de pluies tombées sur ces deux mois sans toutefois dépasser celui de 2018 largement supérieur à la moyenne.

UN PRINTEMPS QUI SOUFFLE LE CHAUD ET LE FROID

Les températures quasi estivales de la fin du mois de mars favorisent la sortie des premiers bourgeons notée tout début avril, soit légèrement en avance par rapport à la moyenne trentenaire, cependant pas autant qu’en 2020 qui fut très précoce de 8 à 10 jours.

Alors que le débourrement se déroule dans une relative homogénéité, début avril connait un épisode de gel d’une rare intensité qui frappe l’ensemble des vignobles français. Des températures particulièrement froides en dessous de -5°C s’abattent sur Bordeaux dans les nuits du 7 et 8 avril. L’ensemble des appellations du Médoc est touché mais les degrés d’intensité sont variables. A Saint-Estèphe, si quelques rares parcelles situées dans les terrasses basses ont pu être affectées par le gel, l’ensemble du vignoble, qui bénéficie de sa grande proximité avec l’estuaire, est épargné.

UNE FLORAISON PERTURBÉE

Mai est marqué par une fraîcheur des températures et de nombreuses pluies. Toutefois la pleine fleur est notée début juin se situant dans la moyenne des trente dernières années. 10 jours d’un temps sec et ensoleillé jusqu’au 16 avril sont suivis de pluies et d’orages. Les risques de grêle sont importants et quelques parcelles sont touchées. Là encore l’appellation dans son ensemble est épargnée. L’autre danger pour les viticulteurs vient des pluies incessantes qui font craindre la coulure et le millerandage et par conséquent les menaces de développement du mildiou. L’inquiétude est vive quant au risque de perte de volume de la future récolte.

UNE VÉRAISON LENTE

Cette crainte se concrétise en raison du temps mi-figue mi-raisin tout au long du mois de juillet. Alors que les raisins atteignent le stade ‘fermeture de grappe’, les beaux jours estivaux alternent avec les jours pluvieux. Comme il fallait s’y attendre l’excès de chaleur et d’humidité provoque des attaques de mildiou sur feuilles. Par conséquent la véraison à l’image de la floraison s’en trouve ralentie et présente une certaine hétérogénéité d’une parcelle à l’autre et au sein même d’une parcelle. Cependant la mi-véraison observée le 12 août connait une accélération vers le 15 août grâce aux fortes chaleurs.

UNE ANNÉE DE VIGNERON

Dans la vigne, la pression est intense avec un risque de développement potentiel du Botrytis obligeant les viticulteurs à redoubler de vigilance. Ils le savent bien, leur investissement en matière de pratiques culturales et prophylactiques sera déterminant pour assurer la qualité de ce millésime. Tout est mis en oeuvre pour faciliter une maturation complète en optimisant les travaux culturaux comme l’effeuillage. Août plutôt sec et très ensoleillé en fin de mois, permet de rattraper le retard et favorise la maturation tandis que les pluies de la mi-septembre donnent de belles baies juteuses.

DES VENDANGES TARDIVES

Attendre la maturité phénolique pour faire le meilleur tout en gardant un œil sur la météo et gérer le risque du mildiou, tel est le mot d’ordre de chaque viticulteur. Heureusement l’ensoleillement et le temps sec et frais dans la première quinzaine d’octobre viennent parachever la maturité du Cabernet et transcender son potentiel qualitatif. Ces conditions favorables permettent d’attendre le moment idéal pour vendanger chaque parcelle à la bonne maturité. Les vendanges débutent fin septembre/début octobre par la récolte des Merlots suivie de celles des Cabernets vers la mi-octobre.

UN VIN ÉQUILIBRÉ

Les premières dégustations sont marquées par une belle maturité et un équilibre alcool-acidité différent des années précédentes. Les Merlots sont frais, bien structurés et aromatiques. Quant au Cabernet récolté sous un temps idéal, il est le grand gagnant de cette année avec sa couleur sombre et ses arômes d’épices et de petits fruits noirs magnifiés par des tanins bien présents mais souples. Certes le millésime fut éprouvant mais le travail des viticulteurs et des œnologues pour extraire le meilleur permet de constater avec satisfaction la grande qualité du 2021.  La singularité climatique qui le caractérise lui confère des nuances particulières, une identité propre qui le rapprocherait des millésimes anciens de par son équilibre acidité-alcool mais cependant doté d’une plus grande maturité.

Les vendanges 2021 à la loupe,

Récit d’un itinéraire mouvementé

Laboratoire Rolland & associés

Le début du cycle végétatif de cette année 2021 aura été pour le moins mouvementé. Mais l’heureuse climatologie de cette arrière-saison a offert une formidable occasion d’achever avec panache ce millésime qui restera gravé dans les mémoires vigneronnes.

Un mois d’août incertain

La mi-août signe la phase finale de coloration des raisins, avec un déficit de chaleur et de luminosité important depuis la fin du mois de juin. On note alors une absence totale de contrainte hydrique à cette période. Les raisins, comme de nombreux autres fruits, sont encore fades et aqueux fin août. La pulpe déborde d’acidité et d’eau ; les peaux manquent de goût.

Le stress de la récolte des premiers raisins rouges mi-septembre

Dix jours d’instabilité marquent la mi-septembre. Il pleut régulièrement et les températures sont élevées pour la saison.

Le travail viticole, mené tout au long de l’année, paye. Les raisins sont aérés, et les vignes, parce que leur vigueur est maîtrisée, résistent et supportent ces quelques jours instables. Il est vrai qu’ensemble nous cherchons absolument des raisins avec du goût, des tanins séduisants, qui ne se laissent pas emporter par une acidité trop agressive.

Du sang froid en septembre…

La quasi-totalité du mois de septembre a été chaud, avec un pic de température jamais rencontrée depuis 1911.

Le botrytis fréquent, mais de très faible intensité dans le vignoble, ne s’est finalement pas développé. Preuve indiscutable : la saison des cèpes tant attendue en septembre n’a pas démarré !

Les premiers merlots de Saint-Estèphe sont vendangés fin septembre. Il y a toujours deux dates-clés : celle où on commence à vendanger, et celle où on achève la récolte. Et cette année, le rythme de ramassage a été très saccadé, exigeant dans la prise de décision tantôt la rapidité, tantôt la retenue.

A cette période, 2021 s’annonce comme un millésime typiquement océanique, et non pas solaire comme les derniers que nous avons vécus. Il n’était pas question d’aller chercher la fraîcheur et l’énergie nécessaires pour équilibrer une puissance qui aurait été naturellement présente.  Au contraire, les raisins débordaient d’acidité et souffraient d’un manque de concentration. Il a fallu ainsi du temps pour dépasser la note végétale et attendre l’indispensable expression aromatique du fruit. 

…. Et un sacré coup de chance en octobre

Il faut dire que la météorologie du mois d’octobre nous a offert une chance incroyable avec des journées chaudes à plus de 20°C qui furent salutaires. Les raisins ont pu perdre leur surplus d’eau, et ont gagné en concentration. Le soleil et la chaleur ont gommé les notes herbacées et végétales que nous pouvions observer encore quelques semaines plus tôt. Les peaux se sont affinées ; les pépins ont perdu l’amertume pour gagner en maturité.

Les cabernets francs et sauvignon se sont ainsi récoltés avec le sourire et sous le soleil d’octobre.

Au chai, on se méfie de la maturité qui n’est pas excessive. On a cherché à reconcentrer les jus, on a travaillé des extractions très douces au début des fermentations. On a joué sur des macérations post- fermentaires : on a laissé infuser et on a construit la bouche en faisant varier les durées d’infusion et les intensités de lessivage des marcs.

Ce qui nous guide alors – pour ces vins qui n’auront pas d’incroyables densités, c’est la volonté de conserver le charme du fruit que nous avions en goûtant les raisins en octobre. On souhaite trouver une structure tannique charmeuse, sans chercher une puissance qui n’était pas présente naturellement.

Un millésime d’audace et d’engagement

2021 aura clairement été un millésime de courage, d’engagement, d’audace. Il aura fallu prendre des risques – sans doute un peu plus que ces dernières années, et se montrer patient pour résister à la tentation de tout ramasser, au moment des pluies de la fin septembre.

C’est aujourd’hui un pari gagné car les 2021 sont des vins qui allient le velouté dans la texture, le plaisir et la fraîcheur typique des Bordeaux d’aujourd’hui.

O.D.G de Saint-Estèphe

http://www.saint-estephe.fr

Saint-Estèphe 2020 : le Yin et le Yang

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2020, clôture la décennie avec panache ! Le millésime incarne ce que Bordeaux sait produire de mieux ; un grand millésime classique, complet, complexe, riche et onctueux. Il appartient aux beaux millésimes précoces. Surdoué, il l’est par ses prouesses à marier le feu et l’eau pour atteindre l’équilibre. Si la chaleur caractérise ce millésime tout au long de l’année et le fait figurer parmi les 5 millésimes les plus précoces des 20 dernières années, la pluviométrie contrastée qui nous a obligés à beaucoup de vigilance dans la vigne s’est révélée être sa meilleure ennemie. On retiendra également un contexte singulier, celui d’une crise sanitaire inédite, obligeant le monde de la viticulture à s’organiser pour continuer à mener à bien le travail dans les vignes, coûte que coûte. L’apparition du hashtag #lavignenattendpas résume à lui seul le dilemme posé aux viticulteurs. La nature ne se confine pas ! Le premier confinement annoncé le 16 mars perturbe la logistique habituelle mais très vite tout est mis en place pour avancer dans le respect des normes sanitaires. La crise laissera des traces dont on ne mesure pas encore tous les impacts sociaux et économiques. Si aujourd’hui les ventes ont repris, elles ne compensent pas les pertes à l’exportation et dans la restauration. La réussite du millésime 2020 nous offre l’espoir et la confiance et nous sommes heureux de pouvoir vous faire déguster prochainement ce très beau millésime.

Basile Tesseron, Président du Syndicat Viticole de Saint-Estèphe

Une douceur hivernale et une précocité du cycle végétatif

L’hiver est très doux. Si l’activité économique de la France tourne au ralenti, la nature de son côté va très vite. Les températures particulièrement chaudes de l’hiver favorisent un débourrement précoce, noté le 20 mars soit une quinzaine de jours d’avance par rapport à la normale. Nous gardons tous en mémoire les belles journées ensoleillées qui rythment alors la période du confinement dans laquelle la France entière est plongée.

Un printemps ensoleillé et humide, une floraison homogène

Les quelques cours épisodes de temps frais et humide en avril et mai n’ont pas eu de conséquence sur le cycle de développement. De ce fait la floraison affiche une belle homogénéité avec une avance de 3 semaines par rapport à la date normale avec une date aux alentours du 20 mai. La nouaison est rapide et régulière exempte de coulure et de millerandage mais les conditions de chaleur et humidité maintiennent une forte pression du mildiou.

Un été chaud et sec

L’été chaud est marqué par des périodes caniculaires du 20 juin au 10 août qui affichent des records de températures avec des journées à plus 40°C. Malgré cette chaleur excessive, la vigne ne subit pas de stress hydrique.

L’apparition des premières baies colorées débute à la mi-juillet en pleine période de sécheresse. Cette période de chaleur intense fait perdre à la vigne un peu de son avance pris pendant le débourrement. La chaleur estivale persiste tout le mois d’août avec des journées mais aussi des nuits chaudes. C’est durant cette période de faible amplitude thermique que la vigne consomme rapidement son acide malique et transforme progressivement ses sucres ainsi que la couleur (anthocyanes). Heureusement l’équilibre sucre/acidité se rétablit à la fin août avec le retour des nuits fraîches. L’accumulation des sucres est redistribuée dans la pulpe et les anthocyanes dans la pellicule.

Les premiers contrôle de maturité affichent des teneurs en sucre élevées et des acidités basses. Du fait de ces conditions chaudes et humides, on observe bien quelques traces de Botrytis à la mi-août mais fort heureusement la dégradation se stabilise et n’évolue pas.

L’épisode pluvieux avant le 15 août se révèle salvateur. A la veille de la récolte, les signaux sont tous au vert et laissent présager un beau potentiel œnologique. Les baies ont des peaux épaisses et croquantes et l’état sanitaire est parfait.

Des vendanges précoces et masquées !

Les premiers contrôles de maturité confirment le grand potentiel œnologique du 2020 avec une avance de 10-15 jours par rapport à 2019. Les conditions climatiques chaudes et sèches ont donné des petits raisins avec des pellicules épaisses et peu perméables.

Sur fond de crise sanitaire, les viticulteurs s’organisent et se préparent à des vendanges inédites ! Pour la première fois, ce n’est pas la qualité qui les inquiète, ils la savent excellente ! Leur préoccupation se porte sur l’organisation de ces vendanges à haut risque. Le personnel des châteaux mais aussi les nombreux saisonniers qui affluent chaque année dans l’appellation vont devoir travailler en respectant des précautions particulières, les distanciations physiques et autres contraintes.

La cueillette débute avec deux semaines d’avance en moyenne par rapport à une année dite « normale ».  Les vendanges démarrent après la mi-septembre avec des volumes faibles liés à la petite taille des baies. Plusieurs facteurs accélèrent la décision d’avancer les dates de vendanges : l’annonce d’une semaine pluvieuse, humide et fraîche fin septembre mais aussi les conditions de sécheresse qui font monter l’alcool et baisser l’acidité.

Malgré les petites tailles des baies dont le poids reste plus important que l’an passé, on constate une belle homogénéité entre les parcelles. La menace du Botrytis est toujours présente mais il est contenu et ne se développe pas en partie grâce à l’épaisseur des pellicules. 

Un équilibre parfait et des expressions aromatiques exceptionnellles

Cabernet Sauvignon, Merlot et Petit Verdot atteignent des expressions aromatiques exceptionnelles. Les jus très colorés présentent des densités profondes. Au fur et à mesure des extractions, les arômes se précisent mûrs et intenses, la qualité des tanins est très prometteuse. Aux premières dégustations, 2020 présente un profil assez classique caractérisé par une fraîcheur et un bel équilibre. Il rentre dans la catégorie des grands millésimes solaires, épicés, onctueux.

Paroles de viticulteurs

Vincent Millet, Gérant du Château Calon Ségur, 3ème Grand Cru Classé.

Le millésime 2020 a été marqué par un hiver très humide et très doux favorisant un réveil précoce de la vigne. La floraison s’est déroulée sous les meilleurs auspices. De la floraison jusqu’aux premiers jours des vendanges, le vignoble a connu cinq vagues de chaleur et aucune pluie n’a été enregistrée de mi-juin à la première décade d’août. Pour autant, la vigne n’a jamais montré des signes de stress sévère (ni défoliation, ni blocage) en raison certainement des réserves d’eau d’hiver et de printemps. Là encore, l’argile présente en grande majorité dans nos sols a joué un rôle essentiel dans l’alimentation de la plante. Les merlots et cabernets ont été ramassés avec 10 jours d’avance par rapport aux derniers millésimes. Les vins expriment des notes florales et épicées, présentent une bouche juteuse et ample. Les tanins sont suaves et enrobants et la finale est longue et aromatique avec une touche saline.

Vincent Bache-Gabrielsen, Directeur du Château Lilian Ladouys, Cru Bourgeois Exceptionnel.

Pour s’adapter à l’année la plus chaude enregistrée depuis 1900, nous avons pu compter sur la connaissance de nos terroirs et la résilience de notre vignoble, désormais en conversion officielle en agriculture biologique.  Grâce à des précipitations hivernales et printanières importantes, les sols ont pu constituer une réserve hydrique suffisamment importante et contrebalancer ainsi les effets de la sécheresse de l’été. Très tôt, il a fallu intervenir sur la vigne pour créer un microclimat favorable, grâce à un effeuillage précoce, et mieux résister à la pression du mildiou. En 2018, nous avons fait le choix de nous recentrer sur les plus beaux terroirs de Saint-Estèphe, essentiellement constitués de graves argileuses profondes (80% de notre vignoble). Ce choix s’est avéré pleinement payant cette année avec une floraison plus précoce d’une semaine pour ces sols de graves par rapport à nos parcelles situées sur des sols argilo-calcaires. Cette précocité et la chaleur estivale ont permis de débuter les vendanges avec quelques jours d’avance par rapport au millésime 2019 pour conserver un fruit « al dente ». Elles ont ainsi commencé le 15 septembre pour se terminer le 30 septembre 2020.  Après un travail intense de refroidissement des cuves pour permettre des vinifications sans excès, la douceur a été le mot d’ordre pour la vinification de ce millésime. Afin d’atteindre l’harmonie recherchée, que le potentiel tannique exceptionnel des raisins aurait pu perturber, notre équipe a réalisé un travail de précision, tout en équilibre. D’une très belle intensité, les merlots dominent l’assemblage, tout comme en 2019. Harmonie et émotions sont alors les maîtres mots du Château Lilian Ladouys 2020 ! 

Pascal Friquart, Directeur du Château Tour Saint-Fort, Cru Bourgeois.

Avec des températures moyennes supérieures de 2 à 3 °C, l’hiver 2019-2020 est le plus chaud depuis le début du XXe siècle. Le début de saison est marqué par une climatologie favorable à un débourrement précoce. Par ailleurs, les sols gorgés d’eau et les températures douces vont maintenir un climat favorable au mildiou, oïdium et escargots. La bonne gestion des plans phytosanitaires au printemps était cruciale et difficile à mettre en œuvre avec des sols détrempés, sous peine d’être impacté par des pertes de récolte dues au mildiou. Après une fin avril et un début mai très arrosés (plus de 120 mm sur 2 jours), le temps redevient beau et chaud. Dans le prolongement, la floraison se déroule parfaitement avec près d’un mois d’avance par rapport à 2019. À partir de la mi-juin, le temps devient sec et chaud sur une période s’étalant jusqu’au mois de septembre. Cela a entrainé un stress hydrique sur les parcelles les plus drainantes. L’épisode pluvieux de la mi-août permettra d’accélérer la véraison et d’éviter le flétrissement des baies. Notre terroir a eu vraiment son importance cette année. En effet, la qualité des sols a eu un rôle majeur dans ce millésime. Ils devaient être capable d’absorber une quantité d’eau importante au printemps, mais aussi être capable de la restituer durant cette période sèche et chaude qui s’est déroulée sur plus de 2 mois. L’avance prise au printemps, nous allons la retrouver avec des vendanges précoces qui ont débuté le 21 septembre pour se terminer le 30 septembre. Les merlots seront ramassés les premiers avec de jolis équilibres. Les cabernets seront un peu contrariés dans leur fin de maturation par les pluies. Les premières dégustations sont encourageantes et nous permettent d’espérer un vin élégant, fruité avec une jolie trame tannique. 

Télécharger le Carnet de vendanges 2020 de Saint-Estèphe

Primeurs 2018-Médoc, Haut-Médoc, Listrac-Médoc. Mardi 2 avril. Tonnellerie Nadalié à Ludon-Médoc

[dégustation réservée aux professionnels] Une centaine de châteaux des AOC Médoc, Haut-Médoc, Listrac-Médoc présente le millésime 2018 en dégustation continue de 9h à 18h à la tonnellerie Nadalié, mardi 2 avril. Et aussi Afterwork de 18h à 20h30 avec dégustation des livrables et bar des vins blancs du Médoc.

All day long tasting followed by an Afterwork from 6 to 8:30pm with tasting of different vintages, Bar of the Medoc white wines

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PRIMEURS2018_AOC MEDOC-HAUT-MEDOC-LISTRAC_INVITATIONderV

Le millésime 2015 vu par les oenologues-consultant d’Oenoconseil

Le millésime 2015 vu par Antoine Médeville,

Edouard Massie, Henri Boyer et Arnaud Chambolle

A la différence des millésimes précédents, la nature s’est montrée favorable dans l’ensemble du Bordelais. 2015 peut être qualifié de grand millésime car la réussite est générale pour tous les vins rouges, blancs secs et liquoreux. L’ensemble de la profession est satisfaite et optimiste. Les cuviers sont pleins et les acheteurs semblent déjà s’intéresser à ce grand millésime.

Médoc par Antoine Médeville et son équipe

Antoine Médeville et ses collaborateurs, Emilien Delalande et Thomas Marquant

Photo Alain Benoit oenoconseil 2008 005EmilienThomas

Après une floraison et un développement des grappes déroulés sous les meilleurs auspices, le millésime 2015 s’annonçait comme un millésime exceptionnel dans l’ensemble du Bordelais.

Les pluies de mi-septembre (12 au 20 septembre) sont venues légèrement perturber la quiétude du vignoble. Celles-ci ont été très hétérogènes, entraînant ainsi de fortes différences de maturité.

Les merlots très précoces sur des sols peu tamponnés ou dans des zones humides, ont été plus impactés mais dans l’ensemble on a constaté un bon comportement de l’équilibre sol/plante avec un état sanitaire plutôt stable. Les travaux en vert et surtout un effeuillage rigoureux ont permis de conserver une zone fructifère sèche et ventilée, moins propice aux développements de Botrytis. L’entretien des sols a aussi joué un rôle majeur avec un meilleur comportement des sols enherbés et travaillés grâce à un enracinement plus en profondeur.

A partir du 20 septembre, des températures estivales et un vent d’Est se sont installés sur le vignoble Bordelais permettant d’attendre la juste maturité de chaque parcelle de merlot. Les cabernets sauvignons plus tardifs ont profité de cet ensoleillement et ont atteint de très belles maturités même sur les terroirs les plus compliqués.

Cette météo changeante explique le fort étalement des vendanges avec des merlots ramassés dans le Médoc du 14 septembre au 10 octobre alors que les tous derniers cabernets sauvignon sont entrés dans les chais la semaine du 22 octobre. Il s’agit de l’une des récoltes les plus étalées de ces vingt dernières années.

Une fois en cave, les fermentations se sont très bien déroulées. Comme au vignoble, chaque lot a dû être vinifié indépendamment, en fonction de ses caractéristiques, les fermentations alcooliques se sont réalisées à des températures plus ou moins hautes avec des extractions à moduler.

Les merlots laissent entrevoir un fruit de grande qualité. Le cabernet sauvignon et le petit verdot se démarquent par leurs structures, leurs concentrations et leurs très belles complexités. C’est à coup sûr, dans le Médoc, un beau millésime de cabernet sauvignon et sur la rive droite, plus précoce, un grand millésime de merlot.

2015 est, quoi qu’il arrive, un très beau millésime même si, une fois de plus, la nature nous a rappelé que rien n’est acquis et que l’arrière-saison tient une place importante dans la réussite d’un grand millésime. Outre ces bonnes conditions climatiques, il ne faut pas oublier tous les efforts consentis avec l’application des conseils personnalisés que nous prodiguons tout au long de l’année dans le respect des sols et de la plante afin d’optimiser chaque parcelle. Les belles journées de septembre alternées par des nuits fraîches ont permis une fin de maturation lente des tanins (pellicule et pépins), gage de réussite d’un millésime. De plus, quantité et qualité sont au rendez-vous avec des rendements tout à fait corrects.

Graves Blancs et Rouges par Henri Boyer

Photo Alain Benoit oenoconseil 2008 004

Graves Blancs : Malgré la précocité du millésime, les nuits fraîches de la fin du mois d’août ont permis de ralentir la maturation et d’obtenir des moûts fruités et frais avec des teneurs en sucres modérées. A ce très bon équilibre vient s’ajouter la richesse aromatique et la concentration obtenue aussi grâce à une récolte de faible quantité.

Graves Rouges : Une très bonne climatologie (ensoleillement, nuits froides, faibles pluies associées à un raisin résistant au botrytis)a permis d’obtenir une très bonne maturité des raisins tant sur les merlots que sur les cabernets. Les vins sont aromatiques, riches, d’une belle amplitude avec des tanins fins qui permettent des cuvaisons longues. Un seul bémol, la teneur en alcool parfois un peu généreuse pour les sols argileux.

Bordeaux par Edouard Massie

Photo Alain Benoit oenoconseil 2008 002

Quel millésime facile ! Beau temps à perte de vue, des nuits fraîches idéales pour les Blancs, un état sanitaire inouï jusqu’à la fin des Rouges, des cabernets sauvignon qu’on a pu attendre comme rarement ce fut le cas auparavant.

Le résultat est là, des Blancs très aromatiques et charnus, des Rouges avec des parfums de fruits mûrs et des tanins soyeux.

Sauternes par Edouard Massie et Henri Boyer

« Un millésime difficile à rater » ! Les sémillons sont arrivés cette année à une maturité parfaite avec beaucoup de saveur. A la faveur des pluies de la 2ème semaine de septembre, le botrytis s’est développé très progressivement et a nécessité de nombreuses tries.

Les vins de la 1ère et 2ème trie sont aromatiques sur le fruit frais, minéraux et d’une grande pureté ; les mouts des tries sont plus riches en botrytis, onctueux et complexes avec des notes d’abricot et de marmelade d’orange. Ils ont bénéficié de conditions climatiques idéales pour concentrer le raisin pendant la première semaine d’octobre : soleil et vent d’est, frais et sec. Les dernières tries sont aussi d’un très bon niveau.

Nul doute que le millésime 2015 donnera de grands vins liquoreux.

Saint-Emilion et Libournais par Arnaud Chambolle et Mathieu Juteau.

Photo Alain Benoit oenoconseil 2008 003pjoyo Mathieu Juteau

2015 appartient incontestablement aux grands millésimes de Bordeaux. Pourtant il aura fallu un peu de sang froid aux viticulteurs en début de saison en raison d’un coup de chaleur parfois excessif en juillet, quelques attaques de champignons durant l’été et un excès d’eau à la veille des vendanges à certains endroits. Mais  finalement la patience a payé. Le beau temps du printemps a entraîné une floraison rapide, homogène et groupée. En juin et juillet, la vigne a bien résisté au stress hydrique. Les pluies de fin juillet se sont avérées providentielles. Le mois d’août chaud et humide a été contrebalancé par des nuits fraîches offrant aux raisins de longues périodes de maturité.  Le beau temps de septembre a parachevé la maturité des tanins.

Les vins blancs et rosés sont aromatiques mais il aura fallu les prendre assez tôt, au risque d’un excès d’alcool.

Les tanins mûrs ont permis de faire des cuvaisons longues et des macérations finales à chaud qui ont été très bénéfiques. Le résultat souvent très bon a vite révélé le fort potentiel de ce 2015.

Il faut maintenant adapter l’élevage à chaque situation, mais nul doute que nous avons sur Fronsac, St-Emilion et plus généralement sur le Grand Libournais un millésime riche et structuré.

Un millésime en 5 diront certains …

Les œnologues-consultants

Les consultants Antoine Médeville, Henri Boyer, Edouard Massie, Arnauld Chambolle et leur équipe d’œnologues, présenteront  le millésime 2015 d’une quarantaine de propriétés qu’ils suivent et conseillent depuis plusieurs années.

Rendez-vous pendant la semaine des primeurs en avril 2016

Château Lestage à Listrac-Médoc

http://www.oenoconseil.com